L’attention nationale se concentre à juste titre sur les initiatives de l’administration Trump visant à imposer des droits de douane de 25 % sur les importations en provenance du Canada et du Mexique. Quelle que soit l’issue de cette situation, elle marque un changement fondamental dans le statu quo commercial, à un moment où les Canadiens et les Canadiennes continuent de ressentir l’incidence de la hausse des prix et d’autres facteurs économiques.
Nous pouvons spéculer sur les raisons pour lesquelles les États-Unis ont décidé de perturber leurs relations commerciales de longue date avec le Canada, mais je dirais que nous devrions profiter de cette crise pour promouvoir un plan stratégique à long terme « fait au Canada » visant à réduire les prix et à améliorer la productivité au moyen de politiques favorables à la croissance.
Le Canada est actuellement aux prises avec un important problème de productivité. De 2000 à 2024, la productivité de la main-d’œuvre a augmenté à un taux annuel de 0,8 %, soit moins de la moitié du rythme annuel moyen (1,9 %) observé aux États-Unis, selon les données de Statistique Canada. En outre, la croissance du PIB par habitant au Canada a fortement diminué par rapport à celle d’un ensemble plus large de pays comparables : pour la période de 2014 à 2022, la croissance moyenne du PIB du Canada s’est classée au rang le plus bas parmi 30 pays de l’OCDE, selon l’Institut Fraser (lien en anglais).
Nous pouvons faire face à ce défi et améliorer la productivité en nous concentrant moins sur le libre-échange avec les États-Unis et plus sur le libre-échange à l’intérieur du Canada. Les barrières commerciales interprovinciales ne devraient pas faire en sorte qu’il soit plus difficile d’acheter des produits d’une autre province que des États-Unis.
L’élimination des barrières commerciales interprovinciales pourrait procurer des avantages substantiels. Selon Anita Anand, ministre du Commerce intérieur, la suppression des barrières existantes pourrait faire baisser les prix jusqu’à 15 %, stimuler la productivité jusqu’à 7 % et injecter un montant impressionnant de 200 milliards de dollars dans l’économie nationale.
Il existe un lien essentiel entre la productivité de la main-d’œuvre et l’investissement dans le capital et l’innovation. Le Canada tire de l’arrière sur les deux plans. L’Institut C.D. Howe (lien en anglais) prévoyait qu’en 2024, les travailleurs canadiens ne recevraient que 55 cents d’investissement en capital pour chaque dollar accordé à leurs homologues américains. De plus, le Canada accuse un retard en matière de dépenses de recherche et de développement (lien en anglais), avec un niveau pratiquement neutre des dépenses sur une longue période, comparativement à une croissance modérée ou élevée des dépenses dans de nombreux autres pays. Nous avons besoin d’un cadre de politique qui encourage davantage ce type d’investissement.
Par ailleurs, pour assurer un environnement plus compétitif, nous devrions adopter une philosophie selon laquelle « le moins vaut le plus », en commençant par une structure fiscale simplifiée – le vaste code fiscal de 3 000 pages du Canada mérite d’être remanié en profondeur. Nous avons également l’occasion de réduire les formalités administratives, comme en témoigne l’exemple concret de la Colombie-Britannique (lien en anglais), qui a réduit la réglementation de 47 % entre 2001 et 2017.
En cette période de bouleversements apparemment permanents des normes économiques, nous avons une occasion unique d’accélérer notre productivité et, en fin de compte, de favoriser la prospérité de tous les Canadiens et les Canadiennes. Le Canada devrait profiter de cette situation pour mettre de l’ordre dans ses affaires plutôt que de se concentrer exclusivement sur les facteurs externes.